Emna OMRI

Le jour « j » en Tunisie

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Aujourd’hui, c’est la journée tant attendue : le dimanche 26 octobre 2014, c’est les élections législatives en Tunisie.

Cette nuit je n’ai pas bien dormi, j’étais anxieuse, pensive comme si c’est la veille d’un examen ou d’un concours. J’ai pris mon petit déjeuner et j’ai décidé d’aller voter vers 7 h 30 pour ne pas trouver trop de monde.

En arrivant, j’ai trouvé presque une quarantaine de personnes. Je suis contente, émue, on va tous choisir l’avenir de notre cher pays, notre mère la Tunisie.

Mais ma joie n’a pas trop duré. Je me suis dit qu’est-ce que se déroule dans les têtes de ces Tunisiennes et Tunisiens ? Sont-ils assez conscients des dangers qui menacent notre pays ? Vont-ils voter pour la liberté et la démocratie ? Ou bien vont-ils voter pour un parti politique islamiste qui prétend être modéré et qui va nous amener vers un chemin sombre sans issue ?

Cette idée m’a rendue triste.

Je me sens que la réalisation de mes rêves ne dépend pas seulement de mes propres actes, mais des actes des 5 millions de personnes qui vont voter aujourd’hui.

Je rêve d’une Tunisie libre, démocrate, dans laquelle on vivra tous ensemble en paix, peu importe notre religion, qu’on soit pratiquant ou non.

La Tunisie de mes rêves est une Tunisie unique qui ne ressemble ni aux Etats-Unis ni à la France, une Tunisie qui ressemble à nous les vrais Tunisiens.

Je rêve et je vote !

Mais la réalisation de mes rêves dépend des rêves et des votes des autres.


Du « fast food » au « fast fashion »

 

Crédit : MUNIR UZ ZAMAN/AFP
Crédit : MUNIR UZ ZAMAN/AFP

Manger du « fast food » ceci on le fait tous depuis des années et on continue de le faire en dépit des conseils des nutritionnistes. Je pense que ça sera trop ennuyeux de parler de ce sujet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.

Manger « fast » donc on le fait tous mais il paraît que ceci ne suffit pas pour enrichir les riches, il faut aussi qu’on s’habille « fast ».

Tout d’abord c’est quoi le « fast fashion » ?

Le « fast fashion » c’est une manière créée par les enseignes de vêtements pour vendre plus. En fait, au lieu de faire sortir 2 voire 4 nouvelles collections par an, ces nouvelles enseignes vont avoir une nouvelle collection chaque 2 ou 3 semaines.

Ces géants de la mode, vous les connaissez certainement, on peut citer  Forever 21, Primark, Asos, Veromoda, etc.

Imaginez qu’il suffit juste de 2 semaines, en moyenne, pour que la nouvelle collection soit conçue, fabriquée et distribuée, c’est le fast fashion ! Il s’agit donc d’une création hyper rapide d’une mode pas chère et jetable.

Pourquoi cela me dérange d’avoir des vêtements moins chers et encore plus de choix ?

Du premier coup cette pratique ne me dérange pas, par contre cela me réjouit puisque j’adore le shopping. Et vue que je ne souffre pas encore de l’achat compulsif donc je peux m’abstenir d’acheter tous les 15 jours (je l’avoue ceci se fait avec un peu de difficulté).

Mais si l’économiste en moi prend le dessus, ma vision change et tout ce phénomène du fast fashion m’énerve et m’exaspère même.

En fait, il faut se poser la question comment acheter un pull à 10€ alors qu’il est fabriqué au bout du monde ?

On s’habille et on se fait élégants à des prix cassés mais qui paie la facture ?

C’est là-bas au bout du monde à Bangladesh, à Cambodge, ou bien même en Europe en Lituanie, Lettonie, Moldavie. Dans ces pays, des ouvriers sont payés à 60€ le mois et ils travaillent parfois 48 h/semaine dans des conditions lamentables. De ce fait, on assiste parfois à des désastres comme l’effondrement dramatique du Rana Plaza à Bangladesh,  le 24 Avril 2013 qui a fait 1125 morts.

Ces dernières années les ouvriers surexploités ont même essayé d’envoyer des appels à l’aide pour alerter les consommateurs occidentaux. Ces appels sont sous la forme d’une étiquette cousue dans une robe ou bien pliée dans une poche de pantalon. Une cliente a trouvé une étiquette dans laquelle s’est écrit « forced to work exhausting hours »

Est-ce que toute cette misère vous laisse insensibles au fast fashion ?

Moi non !

Mais quoi faire face à cette situation ? Boycotter ces marques ? Je pense que c’est un peu difficile de le faire alors que le chômage flambe dans la plupart des pays et la pauvreté augmente. Comment donc oser demander au pauvre citoyen de ne plus acheter des vêtements à petit prix.

Ecrire pour dénoncer les pratiques de ces géants de la mode ? Voilà je suis en train de le faire mais cela suffit –il ?

Je pense que pour le moment on va se contenter d’avoir une petite pensée pour ces pauvres ouvriers afin de calmer un peu notre conscience. Mais espérons bien de trouver une solution efficace pour nos frères et sœurs dans l’humanité.

 


Le « Business » du Bonheur !

 

B happy by Nasir Nasrallah, via Flickr CC
B happy by Nasir Nasrallah, via Flickr CC

Il paraît que dans notre monde halluciné par le profit et surtout le profit rapide, on a tout vendu et acheté. Mais, ces dernières années on vient de découvrir qu’il y a une chose ou plutôt un concept qu’on n’a pas encore vendu : c’est tout simplement le bonheur.

En effet, dans la logique du « Business » pour vendre un produit il faut qu’il y ait déjà un besoin et si le besoin n’existe pas il faut le créer pour pouvoir tout de même vendre le produit.

Notre  « famous product »  est le bonheur mais je ne sais pas vraiment est ce qu’il existe un besoin urgent sur la planète de diffuser le bonheur partout ? Y’a-t-il une crise de bonheur plus aiguë que la crise économique ? Y’a-t-il vraiment une pénurie de bonheur sur la terre beaucoup plus importante même que la pénurie d’eau dans certaines régions de la terre ?

Ou bien ce besoin est tout simplement créé et on est loin d’être plus malheureux que nos antécédents.

Tous les médias ont tendance à nous divulguer le message suivant : l’Homme du 21ème siècle est malheureux, la modernité nous a volé la joie de vivre, etc.

Mais est ce que ceci est vrai ? On est dans une époque ou on communique avec des gens au bout du monde, on voyage facilement, on a les réseaux sociaux avec lesquels on renoue le contact avec nos amis d’enfance, un niveau de vie élevé, etc.

Notre époque est loin d’être la plus malheureuse, alors pourquoi il y a beaucoup plus de livres et de formations sur le bonheur que pendant les périodes de guerres mondiales ? Est ce que les gens étaient heureux à ces périodes là ?

A mon avis, ce besoin urgent de bonheur est juste créé  pour vendre.

Oui vendre…Certainement vous avez tous lu un jour ou l’autre un livre ou un article qui essaie de vous donner la recette magique pour atteindre le bonheur. Ils sont intitulés généralement : les 7 clés du bonheur  (parfois cela peut être 5 ou 10 tout dépend du temps de l’écrivain), comment être heureux ? , et si je choisis d’être heureux, comment trouver le bonheur, les secrets du bonheur, etc.

Et tous ces livres sont vendus à des millions d’exemplaires !

En plus des livres, il y a aussi les coachs dans le domaine du développement personnel qui n’épargnent pas d’effort pour inspirer les gens et leur montrer le chemin vers le bonheur. Il suffit juste de payer quelques dizaines voir même centaines de dinars ou d’euros (tout dépend de la notoriété du coach) et d’assister à un séminaire et voilà après vous serez heureux, vous allez craquer la vie à plein dents !

Il y a aussi les émissions de téléréalité qui ont pour but de rendre les candidats, non pas de chanteurs célèbres, mais des êtres heureux. Et bien sûr il ne faut pas parler du bonheur sans évoquer la célèbre chanson de Pharrell Williams « Happy » qui a été vue plusieurs millions de fois sur youtube, rien que le mot « happy » attire déjà avant même d’écouter la chanson.

Et pour pousser encore les choses plus loin, il existe de nos jours un indice annuel mondial du bien être. Selon cet indice, c’est au Panama que l’on était le plus heureux en 2013. Doit-on donc préparer nos valises et traverser des océans pour être au royaume des heureux ?

Tout simplement, nous sommes ni plus heureux ni plus malheureux que nos antécédents, on vit des hauts et des bas, parfois on s’envole de joie, parfois on se sent au fond du gouffre…

Et même si un jour on se sent perdu et malheureux, on ne doit pas recourir à des recettes magiques et standards. Le bonheur est un chemin propre à chacun de nous. En fait, on n’a pas besoin de quelqu’un pour nous montrer notre propre chemin de l’épanouissement, il faut juste creuser au plus profond de nous et on va vivre notre propre histoire de bonheur. Donc il faut juste que chacun d’entre nous vit ce que Paulo Coelho appelle « la légende personnelle ».

Vivons donc chacun sa légende personnelle et oublions ces « to-do lists » de bonheur.